miércoles, 14 de diciembre de 2011

lunes, 12 de diciembre de 2011

John Cage (1912-1992): First Construction (1939)

¡POP! Arquitectura burbujeante






Aunque en Barcelona se hayan construido edificios con fachadas llenas de aire, que son pompas de jabón, y en Cataluña viviendas que son globos hinchados, la arquitectura no parece haber tenido mucho que ver con las burbujas (que no sean inmobiliarias).

Pues ya no.

Una arquitecta posa en lo que parece un antiguo almacén lleno de cajas de cartón o de madera apiladas en estanterías de madera situadas contra la pared. Vestida como para una fiesta (collar hawaiano de coral, falda estampada y gabán azul noche), está sentada sobre una maqueta (su obra le sirve de peana), mirada hacia lo alto y sonrisa muy natural (los dientes, bien apretados, a la vista, como cuando uno hace un típico esfuerzo físico de cuclillas), rodeada de más cajas y maquetas de torres.

Un texto impreso, escrito a mano, anuncia: "Mi trabajo es mi juego favorito". La alusión al juego se simboliza por el portaminas caro que empuña para dibujar: lo toma al revés. La mina apunta al cielo. De donde vienen las ideas.

La mano siniestra está escondida.

El pie de foto aclara: Adora viajar. Las cajas quizá sean baúles con recuerdos. Le gusta viajar en el tiempo; el viaje es mental; el arquitecto es un soñador. Imaginar Roma, Egipto, Persia. ¿Persia? ¡Ah, las Mil y una Noche! Vivir de l(os) cuento(s). Pero, de niña, la arquitecta no soñaba con ser princesa, sino hacer edificios con naipes. Una alusión quizá peligrosa si se sabe lo que le ocurrió a un polideportivo construido por su estudio unos años antes. Pero ya se sabe, se nace arquitecto.

También le gustaría viajar a Marte.

La frase no es una marcianada. Solo le gusta soñar. Su realidad no es la realidad. Así es el mundo de los verdaderos artistas. No son de este planeta.

Aunque lo que más le gusta es cocinar espaguetis con almejas para sus hijos mientras toma una copa de cava Codorniu. Un gesto la mar de normal. ¿No es lo que hacen las madres, cocinar, copa alta de cristal  en mano?

Es una pena que el anuncio sea de Codorniu, y no de Freixenet. ¡Ah, las mallas doradas que se podrían lucir!

Se abre un nuevo por venir para la "pobre" profesión. Y no solo para las arquitectas. A nosotros también nos podrían contratar. Para anunciar puros, por ejemplo. Antes de que nos pongan uno.

John Cage (1912-1992): A Room (Una habitación) (1943): versiones para piano (tres interpretaciones distintas), y piano preparado







sábado, 10 de diciembre de 2011

LA CIUDAD COLONIAL

TEXTO DE LA PONENCIA PRESENTADA EN EL COLOQUIO INTERNACIONAL: "Tell Masaikh, une colonie de l´empire assyrien en Syrie? Colonies, colonialisme et impérialisme dans les mondes anciens"
École Pratique des Hautes Études, París, 3 de diciembre de 2011



Cenotafio real, Bagdad: proyectado y construido en los años 30 por arquitectos del equipo británico dirigido por Luytens que trabajaban en el proyecto de New Delhi. La dirección de obras se llevaba a cabo durante las escalas entre Nueva Delhi y Londres

QUELQUES RÉFLEXIONS SUR LA VILLE COLONIALE

Equipo de arquitectos y estudiantes de arquitectura de la UPC-ETSAB, Barcelona, miembros de la misión arqueológica internacional de Tell Masaïkh (Siria) (Pedro Azara, Albert Imperial, Marc Marín)

Une colonie est une réalité qui apparait en Europe au XVème siècle.
Il est vrai que les premières colonies sont grecques, dès le VIII ème aC. Le mot colonie, quant à lui, est d´origine latine : il provient du verbe colere : cultiver. D´aucuns parlent même de colonies quand ils désignent le statut de certaines villes sur l´Euphrate, au nord de L´Irak ou en Turquie, telles Habuba Kabira ou Hacinebi, fondées au quatrième millénaire aC, mais il est probable que ce concept soit appliqué para comparaison avec les villes coloniales grecques archaïques.

Les colonies à partir de la Renaissance sont d´un autre ordre que les anciennes colonies grecques (et, de plus, des colonies ou « colonies » sumériennes ou pré-sumériennes). En effet, les villes coloniales dès le XVème siècle, sont toutes situées sur des territoires qui ne sont pas reliés  physiquement au territoire d´où proviennent les colons. De plus, ces colonies sont toutes situées hors de l´Europe. Je ne pense pas que les villes de Naples, Bruges ou Vienne  aient été jamais considérées comme des colonies espagnoles. Il est vrai que ces villes ne furent pas fondées par les rois d´Espagne, ni même nécessairement conquises, mais elles furent héritées. Or, en principe, une colonie est toujours fondée ou refondée. Cependant, Real Valle,  fondée près de Naples par le roi Charles I d´Anjou, au XIIIème siècle, n´a jamais été considérée comme une ville coloniale française.
Le terme colonie implique donc l´existence de territoires lointains, séparés des territoires métropolitains, conquis et soumis, ce qui implique que ces territoires ne jouissent pas du même statut que ceux d`où proviennent les colons ; ce sont des territoires subordonnés au pouvoir central, sans aucuns droits, ou possédant des droits inférieurs à ceux des territoires métropolitains. Or, en Europe, tous les territoires appartenant à une même couronne ou à un même pouvoir, indépendamment du fait qu´ils soient physiquement reliés à la métropole ou non,  font partie des territoires royaux, et jouissent des mêmes droits et des même devoirs, sont soumis aux mêmes lois. Le concept de colonie, donc,  est lié à la distance, la soumission et la dépendance.

Une ville coloniale peut se superposer à une ville antérieure ; elle peut la coiffer, ou la transformer jusqu´`a la transformer en une toute autre ville, peut-être pas physiquement, mais politiquement : ainsi Cuzco ou Mexico sont des villes reconstruites plus que construites ; le plan de la ville inca de Cuzco se maintient, ainsi que la base, les murs de la plupart des constructions. Il n´y a que les temples qui subissent des outrages et sont remplacés par de nouveaux temples, situés, néanmoins sur l´emplacement des temples précédents. Il est vrai que le pouvoir espagnol a agrandi la ville inca, mais il ne l´a pas rasée ; il ne l´a pas non plus déplacée : Cependant  Cuzco peut être parfaitement  considérée comme une ville  coloniale, une ville coloniale type, même.
Quelles seraient les caractéristiques des villes coloniales ? Il est difficile d´y répondre. Elles couvrent cinq siècles, trois continents au moins, et elles reflètent diverses cultures européennes ainsi qu´ »autochtones ». Cependant il est possible qu´elles répondent à des motivations semblables, ainsi qu´à une façon de concevoir un projet qui varie peu d´une culture et d´une époque aux autres.

Une ville coloniale est une ville fondée sur un territoire conquis et lointain qui n´a maintenu, jusqu´à alors, aucun rapport ni physique ni culturel avec le pouvoir et la culture coloniales.   Cette ville peut s´installer sur les restes, plus ou moins bien conservés ou préservés, d´une ville autochtone, tout en y incorporant des édifices et une nouvelle façon de concevoir l´espace qui changent radicalement soit l´aspect soit l´imaginaire ou l´utilisation de cette ville.
En principe une ville coloniale résulte de la somme de plans tracés et envoyés par des architectes ou des ingénieurs de la métropole qui souvent n´ont pas mis les pieds sur les territoires conquis, et  de la mise en chantier confiée à des artisans locaux qui ont une assez grande liberté pour donner forme au programme iconographique, à la finition des édifices. C´est ainsi que des plans adaptés à des réalités for lointaines se mêlent à des détails, des solutions techniques ou décoratives qui finissent par intégrer les édifices à un cadre donné Ainsi, les plans au fond rationnels des églises baroques s´enrichissent ou se modifient grâce à l´apport des interprétations locales de motifs iconographiques qui ne sont pas toujours compris ou qui sont interprétés inévitablement à partir de connaissances culturelles qui n´ont pas toujours à voir avec celles des architectes métropolitains. C´est ainsi que, dans le monde ibéro-américain du moins, naît une culture hybride qui n´est plus celles des maîtres mais non plus celles  des populations soumises.

 Les plans des premières villes coloniales ibéro-américaines reflétaient l´ignorance de la réalité géographique et culturelle de l´espace conquis dans laquelle les techniciens métropolitains se trouvaient. Ainsi le plan quadrillé avec une large place d´armes centrale, qui correspond à celui des villes espagnoles,   est mal adapté à un territoire montagneux, creusé par des vallées profondes, comme celui des Andes péruviens.  Le plan des logis, qui remonte à celui des maisons romaines, et qui corresponde bien à un climat méditerranéen, où l´ombre et la protection du soleil sont nécessaires, est en contradiction avec les besoins d´un territoire où il fait souvent froid. Cependant ce plan était nécessaire car il rendait visible la présence des armées espagnoles, et il signalait l´instauration d´un nouvel ordre.
Les villes coloniales étaient conçues pour les occupants. Elles devaient donc, d´un côté, offrir aux colons tous les services, et les repères culturels et matériels qui correspondent à ceux des villes métropolitaines, mais elles devaient aussi y intégrer des éléments de la culture locale, afin d´être mieux acceptées par les populations soumises. Car, en fait, les villes coloniales étaient souvent habitées par une population plus locale que métropolitaine.  Cette ville devait faire comprendre qu´un ordre nouveau avait été établit, tout en le rendant plus acceptable. C´est peut-être pour cette raison que l´architecture coloniale incorpore des motifs formels ou décoratifs, hors contexte, et intégrés à des formes ou des plans avec lesquels ils n´avaient rien à voir. 

Une ville coloniale se compose souvent d´une surcharge d´édifices publics : temples, édifices administratifs, sportifs, de loisir. Leur taille et leur nombre n´ont aucune raison fonctionnelle mais exclusivement symbolique. Ainsi, même s´il est malaisé de choisir des exemples appartenant à des cultures et des époques très différentes, ce qui peut mettre en doute la comparaison entres les villes coloniales ibéro-américaines, et les villes coloniales indiennes ou du Proche Orient, New Dehli, fondée jouxtant l´ancienne Delhi, très, trop hindoue, s´orne d´édifices publics bien trop imposants pour les besoins réels de la ville. Mais les besoins n´étaient pas réels mais symboliques : l´ordre, la taille et la disposition des édifices, et le tracé des avenues répondent au besoin de rendre visible non pas tant la présence anglaise mais ce que celle-ci, du point de vue de l´occupant, apporte. Ainsi New Delhi se présente comme l´image inversée de Delhi. La ville où, selon l´occupant, règne le désordre,  s´oppose aux tracés ordonnés, trop ordonnés, de la ville fondée, d´où la vie, en grande partie est bannie. Il ne s´agit pas d´une ville pour vivre, mais pour symboliser la présence anglaise, pour l´inscrire visiblement dans le territoire, pour enraciner cette présence dans l´espace physique et mental.    Cette volonté est aussi présente dans la ville coloniale ibéro-américaine, mais il n´est aucune ville qui expulse ou qui maintient hors des limite de la ville la population locale, contrairement aux villes coloniales britanniques. La ville ibéro-américaine, tout en étant conçue à partir de plans inadaptés aux réalités locales, essaye néanmoins de les intégrer, ce qui, d´un autre côté, fait sentir physiquement et non plus visuellement l´occupation.
Une ville coloniale est une fiction. Nous sommes conscients que cette expression peut paraître insultante ou condescendante pour un habitant d´une ville coloniale, mais nous pensons qu´une ville coloniale a été conçue pour se comparer à la métropole, pour lui  ressembler (tout en marquant clairement son statut de ville dépendante). Ceci a pour conséquence que le visiteur et le citoyen ne savent plus où ils se trouvent ; le visiteur –l´habitant de la métropole qui s´y déplace, peut être pour s´y installer, comme un fonctionnaire, par exemple-  n´a plus la sensation, parfois désagréable ou grossière, qu´il s´est déplacé –et s´est rabaissé. Il lui semble qu´il est toujours dans la métropole, qu´il ne s´y est pas éloigné. La ville coloniale serait donc une illusion, un décor théâtral. La plupart des  bâtiments publics du centre ville, comme par exemple, à Saigon, une ancienne ville coloniale française qui frappe par le contraste entre le climat tropical, battu par los moussons, et l´architecture de l´Île-de-France, ne sont pas vraiment nécessaires, et ne sont en aucun cas adaptés aux besoins climatiques et culturels de la région ou du pays colonisé.  Saigon possède un centre ville qui ressemble à l´ île de la Cité de Paris, ou à au centre de la ville de Rheims : il est construit autour d´une cathédrale néogothique dont les flèches immenses pointent encore plus qu´en France. Ces édifices « représentatifs » d´une certaine image d´une ville européenne ont été bâtis afin d´offrir une image vraisemblable d´une métropole. Ainsi, la distance physique et culturelle entre la métropole et la colonie est abolie, tout en respectant  la primauté de la métropole.  La côté saugrenu et artificiel que ces grandes constructions évoquent n´en est pas moins présent et saute aux yeux de quiconque.

Cette capacité de l´architecture coloniale de contrecarrer la distance physique et mentale existait déjà à Rome. Les villes impériales orientales cherchaient à créer l´image d´une nouvelle Rome. Mais, à la différence de la ville coloniale fondée par les pouvoirs européens, toute ville romaine était à l´image de Rome : elle était une nouvelle Rome : toutes étaient fondées en suivant le rite de fondation de Rome instauré par Romulus. Il n´importait pas que la ville fût Caesar Augusta (Saragosse), Milan, Leptis Magna, Palmyre ou Hatra. En aucun cas, la « véritable » Rome se sentait supérieure aux autres villes : plus ancienne, certainement, la capitale politique, inévitablement. Mais toutes les autres villes de l´Empire, indépendamment d´où elles avaient été fondées, avait la mission de recréer Rome, et tout était fait pour que l´image fût vraisemblable, convaincante, sans arrière pensée, ce qui n´empêchait pas que les villes romaines ne s´adaptassent pas aux conditions climatiques : ainsi, les rues à portiques, qui fascinent tellement maintenant, n´existaient que dans les chauds climats orientaux. De ce fait, les villes romaines orientales pouvaient sembler plus belles et plus puissantes que Rome ! Cette impression, par contre, devait être évitée dans la ville coloniale européenne.
Les édifices représentatifs, à Saigon, Hanoi, New Delhi, Bagdad ou Mexico, par exemple, doivent donner l´illusion que l´on se trouve dans la métropole, certes, mais le caractère illusoire (de celle illusion, dirions nous) ne doit pas être aboli -contrairement à ce qui arrivait dans l´Empire Romain, où tout était fait pour que n´importe quel citoyen ne se sentît pas déplacé, tout en donnant l´image que la ville était l´expression d´un pouvoir puissant, impérial-.  C´est peut-être pour cette raison que la ville coloniale européenne en fait trop : le caractère factice est ainsi signalé. Les effets pittoresques sont appuyés. On concentre sur un espace restreint une cathédrale, un musée, un opéra, tous couverts de tant de signes décoratifs qui se réfèrent à la culture métropolitaine, que l´excès et le caractère à la fois gratuit et vain, ne peut que sauter aux yeux, un effet, sans doute, recherché. Il faut que l´habitant  ait la sensation qu´il se trouve ici et ailleurs, dans la métropole et la colonie, qu´il se sente près et loin. Une ville coloniale apparaît ainsi comme un gigantesque décor qui cherche à produire l´illusion d´un ailleurs. Cependant, l´habitant sait où il se trouve. De même que dans un théâtre, le véritable acteur, selon Diderot (Le paradoxe du comédien) sait qu´il joue la comédie sans pour autant cesser de jouer et de faire semblant qu´il est un autre, l´habitant sait qu´il ne se trouve pas dans la métropole, bien que l´illusion est présente. Il ne faudrait pas que la ville coloniale supplante la métropole, qu´elle l´annule  ou la rende vaine ou inutile. Tout au contraire, elle doit constamment se référer à celle-ci., a fin que l´habitant, en un certain sens, ait un avant gout de la métropole, et la désire, sans pour autant arriver à l´atteindre.

Car la métropole est hors de l´atteinte du colon, et de la population locale. Cependant, elle rappelle constamment son existence, inaccessible, mais existante, comme une ville idéale, ou comme un rêve, tout en étant bien réelle, si réelle qu´elle produit des images d´elle-même dans toutes les terres conquises. De ce fait, parler de villes coloniales implique parler de métropoles. Les unes n´existent pas sans les autres. Les métropoles fondent les villes coloniales, mais elles deviennent par là des métropoles. La ville coloniale, donc, fondée, fonde au son tour la ville qui l´a fondée qui devient une métropole.
Une ville coloniale qui ne renverrait pas à la métropole est impossible ; elle serait trop dangereuse, car elle pourrait exister de façon indépendante, en créant son propre imaginaire. En ce sens, la ville coloniale moderne est très différente de la ville coloniale grecque, qui coupait les liens avec la métropole. Au contraire, la ville coloniale moderne est une machine à désir ; elle existe pour que le prestige, et donc le pouvoir, de la métropole, augmente. Aucun habitant de la colonie ne peut oublier la métropole. Toute leur vie est régie par le désir inassouvi de la visiter, ou même de la posséder. La métropole est ainsi une ville lointaine, certes dans l´espace, mais surtout symboliquement. Elle appartient à un autre monde, auquel les colons et les populations natives ne peuvent qu´aspirer que par l´imagination. Or la non-satisfaction d´un désir maintient celui qui le souffre en un état de totale dépendance ou soumission, à moins que de dépit, et la rage, destructrice, surgisse, jusqu´à briser l´image de la métropole. Car si la colonie est une image de la métropole, celle-ci se constitue en tant qu´image idéale. Son caractère idéal se maintient tant qu´elle reste hors de l´atteinte des habitants de la colonie. Ou de la plupart. Car il ne faut pas  que la frustration gagne toute la population. Dors, l´élite de la colonie, après des années d´attente, a le droit de se déplacer. Toute la littérature d´Henry James se construit sur le désir du colon de visiter un jour la métropole, un désir satisfait, mais en partie, car la conscience d´être un provincial ou un habitant d´une colonie, donc d´un être inférieur, face à l´habitant de la métropole, augmente dès que le colonisé arrive dans la ville rêvée. Tout et tous d´ailleurs se lient pour lui faire sentir sa condition inférieure, ou le moindre intérêt de sa vie et de ses connaissances, une humiliation que les façons condescendantes des métropolitains rendent encore plus cruelle. Un danger pointe alors : le regard de l´humilié s´aiguise, et peut alors découvrir que les vertus de la métropole ne sont pas aussi évidentes qu´il paraissait de loin. La critique, et la sensation d´avoir été trompé, peuvent être destructrices. Toutes les révoltes débutent quand un colon revient désabusé de la métropole et qui, le rêve ayant été brisé, décide de rompre à tout jamais, en détruisant, s´il le faut, tout ce qui rappelle le rêve brouillé. Les révolutionnaires, qui dénoncent l´esprit colonial, sont tous passés par la métropole. Le caractère factice du décor se découvre. Derrière, il n´y a rien ; il n´y a qu´une façade qui ne servait qu´à donner le change, en maintenant la population dans l´attente de quelque chose qui n´adviendra jamais. C´est donc la métropole qui a besoin de la colonie pour dorer ses armoiries. Tous comme les rois avaient besoins des nains pour que leur stature et leur prestige grandissent, les métropoles avaient recours aux villes coloniales afin de faire miroiter leurs soi-disant beautés, vertus, prestige. Or, un miroir cassé ne peut se récupérer. Les villes coloniales qui échappent enfin à l´empreinte imaginaire (je veux dire, empreinte bien réelle, construite sur une image), ne retourneront jamais dans le giron de la métropole. La sensation d´avoir été trompée est trop forte. 

Les villes coloniales se construisent sur l´imaginaire de l´exotique, du lointain. Colonies en Afrique, en Orient, en Extrême Orient, ou en Amérique du Sud –les villes australiennes et de la Nouvelle Zélande, ne peuvent être considérées comme des villes coloniales car les populations autochtones avait été éliminées, ce qui n´a pas été toujours le cas pour les villes nord-américaines-, toutes ont joué la carte de l´exotisme. Les  formes, les éléments décoratifs architecturaux proviennent du vocabulaire orientaliste. Il s´agit de construire un décor qui, d´un côté signale la proximité ou la relation avec la métropole, grâce au plan et à la typologie des édifices publics –gare, musées, opéras, salles de concerts, gares, bibliothèques, palais, etc.-, et d´un autre son côté presque caricatural, comme s´il s´agissait d´une image grossière (ou d´une image, tout court), comme pour bien montrer que tous les services de la colonie dépendaient de la métropole, mais n´étaient pas de vrais services, a fin donc, à nouveau, de faire surgir le désir d´arriver un jour à visiter la vraie ville, la métropole.  Celle-ci se maintient en relation à la colonie, comme l´idée platonicienne face au monde matériel : comme une ville à laquelle peut peuvent y arriver.  Le décor, donc, -coupoles arabisantes ou hindoues, colonnes, arcs outrepassés, etc.-, sert pour que le caractère provincial, et légèrement ridicule de la ville coloniale, saute aux yeux des métropolitains, mais ne soit pas visible, du moins de prime abord, au colonisé. Celui-ci doit avoir la sensation qu´il est comme le métropolitain. Or, celui-ci lui fait sentir subtilement son caractère provincial et dépendant. Les relations que Paris à tracé avec les villes de province (qui constituent la trame de tant de romans français du dix-neuvième siècle depuis Le rouge et le noir de Stendhal), se sont amplifiées dans les relations entre les villes de la puissance coloniale –toutes étant, maintenant, égales, à l´égard des villes coloniales- : la distance, que le décor orientalisant signe, est ainsi bien marquée. Les villes coloniales ont donc la sensation que leur sort dépend de la métropole, du moins s´est ce que la métropole prétend.
En fait, la relation entre les deux types de villes est bâtit sur une double illusion : une illusion de dépendance face à une de supériorité. Or, s´est quand la colonie romps, violemment, avec la métropole, que celle-ci souffre le plus. Tout son pouvoir, l´image de son pouvoir, disparait. Il ne reste plus que la réalité d´une ville trop grande, qui n´a plus aucune raison d´être : une ville mise à nue, dont la nudité est enfin découverte.

La ville coloniale est une réalité durement vécue par le colonisé, est un rêve grotesque de la métropole. Rêve qui tourne un jour en cauchemar.
Nous ne voudrions cependant pas terminer sur une note trop amère. Le fait que l´espace de la ville coloniale est plutôt perçu comme un espace fictionnel, où l´architecture est plus un décor qu´un ensemble réel, peut offrir cependant des avantages inespérés. L´espace de la fiction offre toutes les possibilités. Tout est possible ; tout peut être dit, montré, créé. Ainsi, on découvre que, parfois, l´architecture coloniale se sent moins soumise par de réelles contraintes.  Elle n´a pas à s´harmoniser avec les alentours, car ceux-ci ne sont pas vraiment tenus en compte. L´architecture, donc, est plus libre. Les expériences formelles, toujours déjouées dans la métropole, peuvent avoir lieu. On a dit souvent que la meilleure architecture rationaliste ne s´est pas donnée dans les pays coloniaux mais dans les colonies. Ainsi Casablanca s´orne d´ensembles des années trente et quarante autrement plus puissants, plus convaincants que ceux que l´on trouve en France. Toutes les contraintes formelles et sociales ont été oubliées en faveur de la libre expression formelle, et parfois sociale.

L´architecture a besoin de contraintes, d´un espace délimité, de normes pour avoir un sens. L´absence de lieu s´oppose à la création d´un habitat. Mais, il est vrai que les normes souvent n´ont aucun sens ; elles ne reflètent que la crainte du nouveau ; elles répriment plus qu´elles ne guident. Ces contraintes, souvent pour des raisons troubles, n´existent pas ou peu dans les colonies. L´architecte peut ainsi créer sans crainte.
Dirions-nous, alors, que, tout comme le théâtre est le lieu où la vie s´exprime en liberté, ouvrant une image vrai de la vie, c´est l´espace colonial qui est le plus apte, parfois, pour qu´une réflexion sur ce qu´est un véritable habitat se produise. Le théâtre colonial serait-il le lieu de la vérité architecturale, de l´architecture vrai? Curieux rebours.



      

jueves, 8 de diciembre de 2011

Usama Alshaibi (1969): Dream of Samarra (2007) / Baghdad, Iowa (2007) / Nice Bombs ("trailer", 2007)


Dream of Samarra from Usama Alshaibi on Vimeo.

Usama Alshaibi es un cineasta experimental iraquí, formado en los Estados Unidos, que vive entre este país y Bagdad; quizá uno de los mejores y más sensibles documentalistas hoy.

Su película, filmada en Bagdad, Nice Bombs (2007) ganó el premio al mejor documental en el Festival de Chicago.

El sueño de Samarra es una de sus mejores cortometrajes documentales.


"Baghdad, Iowa" teaser from Usama Alshaibi on Vimeo.

http://baghdadiowa.blogspot.com/

Peggy Ahwesh (1954): Beirut Outtakes (2007), o la arqueología del presente



El Próximo Oriente no está solo salpicado de ruinas del pasado lejano.

Beirut Outtakes (una obra ya célebre) recoge ruinas presentadas en un mismo recipiente: fragmentos de películas comerciales y de anuncios hallados en un cine devastado de Beirut, unidos para ofrecer destellos del tipo de imágenes que gustaban en la capital libanesa. Desfilan, rayadas, inconexas, viñetas, que pueden ser "vistas" como unas modernas tablillas mesopotámicas, en las que las imágenes, en este caso gráficas, se muestran fuera de todo contexto, sin que ya se sepa bien a qué se refieren y qué significan. sin embargo, actúan como símbolos del gusto, o de los sueños de una capital malherida. No son fragmentos de grandes películas, sino de cine popular, de películas de un domingo por la tarde. Precisamente por esto, son reveladoras de cómo los habitantes de la ciudad mataban el tiempo, y en qué soñaban, convirtiéndose Beirut Outtakes en una exhibición de sueños rotos.