martes, 19 de diciembre de 2023

ARTHUR RIMBAUD (1854-1891): LE DORMEUR DU VAL (EL QUE DUERME EN EL VALLE, 1870)

 C'est un trou de verdure où chante une rivière

Accrochant follement aux herbes des haillons

D'argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.


Es un surco de verdura donde canta un río
Prendiendo entre risas jirones de plata
por las yerbas; donde el sol alumbra desde
la altiva montaña: es una vaguada que hierve de fulgor.

Un soldado joven, cabeza desnuda, boca abierta
Y la nuca encharcada entre el fresco berro azul,
Duerme; está tendido sobre la yerba, bajo el cielo,
Pálido en su lecho verde donde llueve la luz.

Duerme con los pies entre gladiolos. Sonriendo
Como haría un niño enfermo, sueña:
¡Mécelo con amor Naturaleza, que tiene frío!

Los aromas ya no estremecen sus sentidos,
Duerme tranquilo al sol, con una mano sobre el pecho.
Dos hoyos rojos se abren en su costado.

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